dimanche, octobre 01, 2006

Assaut

Cela faisait plusieurs minutes que le Loupr d’Or avait disparu dans sa tente quand un grondement sourd se fit entendre, le temps si beau jusqu’à présent virait à l’orage. Un orage dont l’évolution était bien trop rapide pour être totalement le fruit du hasard. Bilarr comprit que quelque chose se tramait. Dès que ces variations météorologiques prirent formes, la légion noire se mit en mouvement vers les fortifications. Les premières lignes étaient formées par les hommes serpents, suivaient les trolls et les golems de feu accompagnés des gobelins. L’avant-garde de cette armée était constituée par les terribles gargouilles. Ce sont elles qui donneraient le premier assaut.

Il ne fut pas long à attendre, bien que se déplaçant avec une relative lenteur, les bêtes arrivèrent vite au dessus des défenseurs. Dès qu’elles furent en position, elles larguèrent des pierres en nombre. Les hommes au sol répliquèrent par une salve de flèches sans pour autant arriver à perforer les peaux dures des gargouilles. Au sol un vent de panique souffla et des hommes périrent écrasés par le déluge pierreux. Une fois ce choc encaissé, il fallu tout l’autorité du Maréchal Félan pour rétablir l’ordre et rallier les hommes terrifiés. Il était fondamental de se ressaisir car la deuxième vague d’assaillants ne tarderait pas.

Les troupes au sol approchaient des défenses de manière inéluctable, le Duc Rouge hurlait ses ordres afin qu’aucun de ses archers ne perde son sang froid et tire au moment choisi. La synchronisation était la clef du succès pour faire un maximum de dégâts et briser l’élan de l’adversaire. Ils n’étaient plus qu’à quelques mètres de la distance idéale pour le pilonnage qu’un évènement inattendu se produisit. Les golems se figèrent et prirent d’énormes planches de bois sur lesquels montèrent une multitude de gobelins. Avec une gigantesque puissance ils propulsèrent les petites créatures au-delà des murs d’enceintes.

La surprise fut totale à l’intérieur de la ville et il s’en fallut de peu que les soldats cèdent à la panique. C’est le roi en personne qui sauva la situation en se jetant dans la mêlée pour embrocher les assaillants. Voyant leur souverain exempt de peur, les fantassins volèrent à son secours. Les jets de gobelins se succédaient, les golems n’étaient pas très précis et certains gobelins périrent faute d’avoir réussi leur atterrissage sans encombre. Les survivants se ruaient sur les fantassins pour leur ôter la vie. La bataille était sanglante. Le roi, entouré d’une forte garnison se battait comme un beau diable.

Au même moment, le Duc Rouge attendait son heure. Le pas de trop fut fait et il vociféra d’une voix puissante l’ordre de faire feu. Un flot de pointes acérées s’abattis sur les hommes serpents et fit un grand nombre de victimes. Le Duc jubilait, les hommes rechargeaient pour la prochaine salve. Une vague d’espoir pulsait au cœur de l’armée croisée. Elle fut de courte durée. Avant de comprendre ce qui pouvait bien se produire, un immense éclair jaillit des cieux et fila droit vers les remparts. Dès qu’il effleura la pierre, celle-ci vola en éclat. Une plaie béante se fit jour dans le rempart, laissant les défenseurs à la merci directe des combattants surnaturels qui se ruèrent à l’intérieure tels des déments. La situation semblait désespérée.

samedi, septembre 23, 2006

Voyage

Le voyage d’Arion et Zelphire prendrait quelques jour, le royaume du nord n’était pas simple d’accès. Les ségonautes était placés sous le commandement d’un capitaine qui avait toute la confiance du roi et s’était déjà illustré dans des simulacres de batailles. Cette unité de combattants était tout à fait particulière. Les hommes portaient un costume de cuir souple dont l’épaisseur assurait une protection convenable. La particularité de ce vêtement consistait en un nombre innombrable de poches dédiées à accueillir un nombre impressionnant d’arme de jet (couteaux, haches, shurikens, javelines). Ils pouvaient en porter plus de cent !

Chaque jour, l’entraînement était rigoureux, les soldats passaient au minimum trois heures à lancer leurs traits et une bonne heure à ranger leur arsenal dans leur accoutrement si particulier. Même dans les fouilles les plus poussées, il était impossible de les déposséder totalement de leurs armes. Ils faisaient preuve d’une discipline remarquable et leur efficacité était bien supérieure à un groupe d’archer dans un combat à mi-distance. Leur principale faiblesse résidait dans le combat au corps à corps. Bien que leur entraînement fut complété par ce type d’approche, il ne s’en sortaient qu’honorablement.

Le capitaine avait reçu l’ordre de suivre les directives de Zelphire en toute circonstance et devait la protéger à tout prix même au péril de sa propre vie. Bien que les combats aient cessé depuis des millénaires, le sens de l’honneur et du devoir n’avait pas disparu. Tous les hommes qui participaient à cette mission auraient préféré mourir plutôt que de déshonorer leur roi.

Arion qui avait sympathisé avec les combattants se rendit vite compte de leur faiblesse en corps à corps, il proposa alors de les aider dans leurs exercices. Les journées étaient agréables et les tournois improvisés voyaient remporter systématiquement le puissant Arion. C’est ainsi qu’il était devenu une sorte de référence et d’exemple pour ces hommes. Malgré son jeune age, cette impression de puissance qu’il dégageait en imposait à tous. Sa terrifiante épée participait aussi à cette sensation étrange. Il ne l’avait utilisé qu’une seule fois en coupant un chêne centenaire d’un seul coup à sa base pour le débiter en rondelle et faire un feu. Depuis l’arme magique était aussi révérée que son possesseur

Les journées s’enchaînaient avec une certainement monotonie. Les pratiques sportives journalières permettaient de canaliser les énergies mais aussi d’affronter l’angoisse de l’inconnu. Tous étaient conscients qu’il existait une menace terrible, que la guerre avait déjà commencée. Elle allait très vite se concrétisée, le danger finit par se matérialiser le soir du quatrième jour au moment ou ils arrivèrent dans un village à moins d’une journée de marche de Vériadan. Il y avait déjà des rumeurs de combats au sein de la cité. Certaines étaient très alarmistes et indiquaient que la cité était en flamme livrées au force démoniaques qui tuaient tout être humain croisant leur chemin. Aucune information par contre sur le souveraine et son armée mais l’inquiétude était de mise.

Préparatifs

L’après midi était encore jeune, le soleil dardait ses rayons incandescent, la chaleur était insoutenable presque surnaturelle. La première escarmouche avait renseigné Bilarr sur le potentiel offensif de ses adversaires. Il devait prendre des décisions rapides pour tenter de sauver la ville et tout ses sujets. La tâche était ardue. Ses effectifs étaient limités et devaient faire face à des créatures surnaturelles. L’angoisse de l’armée était palpable mais les exploits du Maître de Cavalerie avaient démontré à l’ensemble des hommes que les monstres étaient mortels. C’est à ce mince espoir que se raccrochaient les guerriers, ils savaient aussi qu’il n’y aurait pas de merci et c’était une motivation supplémentaire pour se battre. Il fallait tuer ou être tué.

Bilarr décida le déploiement des fantassins sur les remparts faisant face à la légion. Le maréchal Félan serait à la manœuvre avec ses hommes pour tenter d’éviter les intrusions dans l’enceinte de la ville. Il ordonna au duc rouge de déployer les archers en deux groupes. Un sur les remparts pour briser l’élan des assaillants et l’autre dans la basilique St Réual qui serait leur dernier refuge si les évènements prenaient une tournure inquiétante. Quelques fantassins d’élite furent aussi déployés avec les archers. Enfin, la cavalerie restait en réserve et serait sollicité en cas de danger immédiat. C’est Bilarr lui-même qui en serait leur leader n’ayant pas eu l’opportunité de nommer un nouveau capitaine.

Maintenant que toutes les dispositions de combat conventionnel étaient prises, il se retourna vers l’archi sage. Il savait que sa contribution pouvait changer l’issue de la bataille. Il lui ordonna de se replonger dans ses ouvrages pour tenter d’apporter un soutien surnaturel aux troupes sans quoi leur cause serait en grande difficulté. Viktor compris ce que le roi voulait lui expliquer à demi mots. Il sélectionna trois serviteurs et se dirigea sans tarder vers la bibliothèque afin de tenter une nouvelle fois d’étranges expériences qui le dépassaient totalement.

Dès que Viktor atteint les archives, il s’enfonça dans les rayons qu’il connaissait si bien. Il se dirigeait presque à l’aveugle. Les mécanismes de l’habitude avaient fait leur office. Subitement, il se figea devant une étagère qui contenait des ouvrages élimés et poussiéreux. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas exploré cette partie, mais sa mémoire infaillible ne l’avait pas trompé. Il pris sans hésiter un grimoire intitulé : « Fondamentaux d’attaque défense ». Il se plongea dans la lecture et se fige tel une statue. Le monde alentour avait disparu. Il était absorbé par le contenu de l’ouvrage. Les domestiques se tinrent à ses cotés sans un bruit, attendant patiemment les instructions de l’Archi sage.

De son coté, le Loup d’Or n’avait pas ménagé sa peine. Face à la piètre performance de son arrière garde face au maître de cavalerie, il fallait restaurer la combativité, montrer plus de discipline et moins de précipitation. C’est pourquoi, il pris quelques gobelins qui avaient fui devant l’ennemi et les écorcha vif devant les troupes. Les hurlements de douleurs des gnomes hideux retentirent jusque dans la ville. Le plaisir sadique qu’il retira de cette lente torture terrorisa les monstres. Ils comprirent le message et la crainte se lisait partout. Satisfait par sa démonstration de force, il donna les instructions nécessaires à la mise en place de la formation de combat.

Il ne se reposait pas seulement sur ces troupes pour forcer le destin, il comptait aussi utiliser un appoint magique pour appuyer ses troupes, impressionner l’ennemi et réduire au maximum les pertes. Après que ses généraux aient pris en main la constitution de la formation choisie pour le combat et de la stratégie à adopter, il se retira dans sa tente. Une fois au calme, il entama une forme de méditation et débuta un mélange complexe de divers ingrédients. Il ingéra la potion afin qu’elle lui fournisse l’énergie nécessaire à l’accomplissement de son sinistre dessin.

dimanche, septembre 10, 2006

Libération

Face à cette révélation Silfor n’avait plus aucune raison de retenir Arion et Zelphire. Il prit par la main l’elfe et la conduisit à ses appartements. Une fois dans la place, il donna des consignes à une kyrielle de serviteurs qui se mirent en action. Ils emmenèrent Zelphire pour la baigner, la parfumer et lui permettre de revêtir une parure digne de son rang. Zelphire pouvait enfin se détendre, le cauchemar était fini. Arion avait rejoint une sorte de suite adjacente à la sienne et il jouissait du même traitement de faveur.

Malheureusement, une vision assailli la jeune elfe. Elle vit un combat près de la cité des anges, du sang, des morts. Tout ceci ne laissait présager rien de bon. Il n’avait pas le temps de profiter des douceurs de la ville des marchands, ils leur fallaient repartir au plus tôt. Elle rejoint Arion pour lui commenter ses visions et les choix qui s’imposaient. Il acquiesça résigné mais tout aussi confiant dans le succès de leur quête.

Avant de partir, il fallait informer le roi de ce qui se passait, il fallait aussi instruire l’archi roi au plus tôt afin que des mesures défensives soit prises promptement. Le repas serait un excellent moyen de converser discrètement avec le souverain. L’heure tant attendue arriva, Arion se présenta avec Zelphire au banquet donné en leur honneur.

La salle de réception était immense mais le faste était restreint. Une foule de courtisans s’était pressé pour avoir la chance de mirer l’elfe aux oreilles pointues. Zelphire était dévisagée mais n’y prêtait guère attention. Elle voulait se rapprocher de Silfor afin de lui expliquer la situation. Arion quand à lui découvrait avec plaisir les toilettes des dames et tous les mets exotiques qu’on lui présentait. Il mangeait avec un féroce appétit et rougissait vivement quand les regards se faisaient trop insistants.

Sans s’en rendre compte, il se trouva entouré d’un attroupement de curieux armés de mille questions. Elles fusaient de toutes parts et Arion ne savait que faire. Il n’était pas un grand orateur et balbutiaient péniblement quelques phrases inaudibles. Zelphire se mouvait avec grâce et jouait des coudes. Elle rejoignit enfin le monarque et l’attira avec elle à l’écart de l’assemblée. Sans tarder, elle lui fit un point concis mais clair de la situation et des évènements qui étaient en train de se dérouler.

Silfor ne pouvait mettre en doute la magicienne. Ils convinrent de mesures à prendre dès que l’aube pointerait. Plusieurs points étaient acquis. Un messager ferait route vers Centralia la capitale de l’Archi Roi. Pour leur part Arion et Zelphire se mettrait en route vers Veriadan accompagnés d’une compagnie de Segonautes. Ces hommes constituaient la fierté de Segorian et excellaient dans l’art du jet d’armes blanches. L’armée locale était constituée de 500 de ces hommes. Ils avaient pour charge des fonctions de police essentiellement. Dans les temps anciens, ils avaient constitués un groupe d’élite pour les missions d’espionnage et d’éliminations ciblées.

La soirée touchait à sa fin et Arion avait fini par réussi à se libérer de son encombrant auditoire. Il se rendit extenué à ses appartements quand il surpris Zelphire sur le pas de la porte qui menait à sa chambre. Il s’arrêta et la pris dans ses bras sans réfléchir. Cette spontanéité lui fit chaud au cœur. Elle se libéra doucement et sans un mot elle franchit le seuil de la porte pour y disparaître. Arion se dirigea vers sa couche, il jeta un dernier regard vers la porte qui s’était refermé devant lui puis dans un soupir il s’allongea et sombra dans un profond sommeil. Au lever de l’astre orangé, ils s’éloignèrent bien entouré par les Ségonautes.

samedi, août 12, 2006

L'exploit

Bien que sa préparation à affronter des créatures extraordinaires fut limitée, le Maître de Cavalerie fit front avec beaucoup de sang froid. L’avant-garde du groupe assaillant était constituée des gobelins qui chargeaient promptement. Leur avancée était couverte par les gargouilles qui avant de prendre leur envol avaient chargé deux paniers de pierres arrimées à leurs pattes. Enfin à l’arrière restait le golem, le démon ailé n’était jamais loin de la créature stupide et veillait à conserver une emprise suffisante sur le monstre pour qu’il exécute correctement ses ordres.

Le maître de cavalerie ne craignait pas les gobelins, bien que plutôt nombreux, il aurait vite fait de les piétiner avant qu’ils aient pu les désarçonner. Toutefois, il ne pouvait se jeter dans la bataille sans éliminer la menace des gargouilles. Il opta donc pour une défense en carré. Les hommes avancèrent par ligne de trois très serrées. Ceux de l’avant braquaient leur lance sur les assaillants terrestres. Ensuite les lignes alternaient entre les protecteurs munis de larges boucliers et les archers prêts à tirer.

Son groupe était prêt, la tension de ses hommes était palpable. Il poussa un hurlement pour galvaniser ses troupes et donner le signe du départ. La compagnie chargea au grand galop. L’heure de vérité pour le Maître de Cavalerie était venue. Le contacte se fit quelques secondes plus tard, l’impact balaya les gobelins. Ils furent piétinés par les chevaux, embrochés sur les lances de la première ligne dans un effroyable bruit d’os broyés et de hurlements de douleurs. Surpris par les redoutables chevaux de combat des chevaliers, les gobelins furent mis en déroute et se dispersèrent au premier choc. Un bon quart de leurs effectifs ne se releva pas.

Au même moment, les gargouilles commencèrent le pilonnage des cavaliers. Les pierres que les monstres propulsaient faisaient plusieurs livres. Et leur force peut commune permettait aux gargouilles de les propulser à près de trois mètre. Heureusement que la vitesse du groupe rendait la visée difficile. Beaucoup de projectiles ratèrent leur cible. Cependant, deux blocs atteignirent la compagnie tuant trois hommes et manquant de peu de rompre la formation.

Le Maître de Cavalerie sonna la riposte et les archers munis de grands arcs lancèrent leurs traits sur l’armada ailée sans causer le moindre dégât. La stupeur saisi les archers mais l’autorité de leur chef les détourna de leur échec. Malgré ce fiasco, ils étaient passés, les gargouilles étaient à cours de munitions. Restait toutefois un obstacle de taille : Le golem.

Bien qu’à distance respectable, le golem se mis à changer de couleur et finit par s’embraser. Des flammes jaillissaient de tout son corps et la chaleur était palpable. Il faillait passer coûte que coûte pour s’abriter au sein de Vériadan sinon s’en était fini. Soudain, le golem leva une immense massue qui s’embrasa à son contact, il s’agissait plutôt d’un énorme tronc d’arbre employé comme tel. Le Maître de Cavalerie savait qu’un coup suffirait à briser sa formation et donc entraînerait sa perte. Il fallait faire vite et ne pas perdre de vitesse pour éviter le retour des gargouilles.

Il ordonna donc un déploiement en V pour limiter les pertes potentielles. Sur les extrémités avant du V, se retrouvèrent les archers avec pour ordre de cibler les tendons d’Achille, le centre devait se frayer un chemin en faisant front au monstre. Le déploiement eux lieu rapidement. Le démon fut surpris par la manœuvre, il ne s’attendait pas à tant de résistance et encore moins à du sens tactique. Les ailes du V passèrent sans encombre car elles étaient hors de porté du golem. Ils lancèrent leurs flèches, une partie des projectiles fit mouche transperçant la chaire incandescente qui laissa échapper un liquide verdâtre et fumant.

Le golem mis un genou à terre mais écrasa sa massue sur les derniers soldats. Trois hommes perdirent la vie et le Maître de Cavalerie fut désarçonné. Il roula au sol, se releva d’un bon et contourna rapidement le titan qu’il transperça de son épée au tendon encore valide. La chose s’écroula de toute sa masse se tordant de douleur sans pouvoir se relever. La chaleur près du golem était intense, la cape de l’officier pris feu et il du s’en débarrasser. La sueur perlait sur son front mais il n’abandonna pas. N’écoutant que son courage, il se rua sur le géant et lui planta de toute ses force son épée dans le front. Un craquement sourd se fit entendre, la boite crânienne du mastodonte céda sous le choc et une bouillie infâme et visqueuse se répandit sur le sol.

Hors d’halène, le Maître de Cavalerie lâcha son arme devenue incandescente au contact du colosse. Alors qu’il allait se retourner pour fuir vers la ville, une lame traversa ses entrailles, il la vit saillir de son abdomène. Le sang ruissela le long de son corps et sa force l’abandonna. Il esquissa un mouvement de la tête et vie le visage immonde du démon qui semblait lui sourire dans un rictus hideux. Il tenta dans un effort désespéré de sortir sa dague pour l’emmener dans son trépas mais il était trop tard. Il s’effondra suspendu à la rapière de son vainqueur.

Le démon tourna la tête vers la ville, le silence était total. Il retira son arme du corps du héros et l’abattit brutalement sur la carcasse meurtri pour le décapiter. Il ramassa son trophée et vola aux avant poste de la légion noir. Alors face aux hommes protégés par les remparts, il lança la tête du défunt et dans un hurlement strident leur promis le même sort s’ils ne se rendaient pas.

Ainsi mourut le Maitre de Cavalerie, son sacrifice ne fut pas vain car huit hommes purent regagner la sécurité des remparts de la ville. Bilarr resta impassible, mais la fureur grondait en lui. C’est un ami proche qu’il perdait, il savait aussi que ce n’était que le début des hostilités et que le pire était à venir.

samedi, août 05, 2006

La Vérité

L’affaire, si simple en apparence, prenait une tournure inquiétante. Trop de mystères planaient sur la disparition du roi et maintenant de Garel. Il fallait démêler l’écheveau pour enfin connaître la vérité. Empli de doutes, il se rendit sur le champ au palais du roi pour lui faire son rapport. Il fut rapidement introduit dans la salle du conseil. Le roi faisait montre d’impatience sur ce sujet qui lui tenait tellement à cœur. Une fois expédiées les formules de politesse, Marcibal rendit compte de ses étranges découvertes.

Comme lui le roi se trouva troublé par ses nouvelles révélations. Rien n’était cohérent, ni logique. Deux cadavres pour une seule personne ! C’en était trop, bien que n’étant pas un familier de la magie, Silfor II avait lu nombres de livres de la bibliothèque de son père. Il considérait tous ces récits comme des contes mais désormais il entrevoyait la possibilité que les dires des auteurs anciens étaient authentiques. Si tel était le cas, ils étaient tous en grand danger car si l’empereur dieu venait à reprendre le pouvoir les conséquences pour l’humanité seraient catastrophiques.

Eloignant ses sombres pensées, le roi décida de se rendre dans les geôles du château pour rendre visite à ses prisonniers. Ils auraient peut-être des éclaircissements à lui apporter pour résoudre cette énigme. Il avait en plus cette intime conviction qui le taraudait. Il n’arrivait pas à se persuader que l’elfe qui s’était présentée à lui représentait une menace. Il s’engouffra dans le passage qui menait aux oubliettes. Il était toujours entouré de deux gardes qui assuraient sa protection rapprochée depuis la mort de son père. Ce sont ses conseillers qui avaient insistés, la protection de sa personne revêtait une importance particulière.

Bien que cette coutume ancestrale fût abandonnée de longue date, les derniers évènements avaient restauré certains usages anciens. Il ne pouvait plus faire un pas sans ses deux anges gardiens. Cela le gênait mais il n’était pas disposé pour autant à réduire son activité quotidienne. C’est à grande peine que les deux protecteurs suivaient le rythme, le manque d’habitude et d’entraînement pesait sur leurs nouvelles attributions. Silfor dévala les escaliers pour se retrouver enfin devant les deux accusés.

Bien que calme en apparence, il avait beaucoup de mal à se départir de l’image de son père assassiné avec les deux étrangers à son coté. Il finit par entamer le dialogue et leur conter les derniers développements de leur enquête. C’est la sagesse et le bon sens de ce jeune roi qui fut à l’origine de leur salut. Après l’exposition des faits nouveaux, Zelphire indiqua qu’elle était en mesure de confondre le véritable assassin. Le roi en fut stupéfait mais il conservait toute sa méfiance.

Il accepta malgré tout que Zelphire l’accompagne pour lui démontrer ses dires. Toutes les précautions étaient prises, Zelphire suivait le roi à bonne distance, ses mains et ses jambes étaient entravées et deux soldats l’encadraient de près. Le moindre mouvement hostile de sa part aurait été fatale. Les hommes de troupes avaient été prévenus que la prisonnière pouvait utiliser des sortilèges dangereux. Il gardaient donc un œil attentif à tout changement d’attitude et avait instruction en cas de doute d’exécuter l’otage.

Ce ne fut pas nécessaire, Zelphire resta parfaitement neutre jusqu’à ce qu’ils atteignent la morgue. Une fois a l’intérieure, ils se dirigèrent vers les deux dépouilles de Garel qui semblait identiques en tout point. Les plus éminents médecins s’étaient penchés sur les deux corps sans pouvoir expliquer leur fascinante gémellité. Zelphire se rapprocha du premier corps puis du second sans un mot. Elle se concentrait intensément pour pouvoir utiliser son dont de perception extra sensorielle. Privé de son objet de pouvoir, l’utilisation de la magie lui coûtait énormément mais la situation justifiait un tel risque.

Elle finit par se tourner vers Silfor II et lui dire que désormais elle savait et pouvait prouver leur innocence. A cette annonce, la stupeur se lut sur tous les visages. Même le roi paraissait incrédule. Elle demanda au roi de lui permettre d’utiliser ses capacités magiques afin de révéler la vérité au grand jour. Malgré les risques que cela représentait Silfor II brûlait d’impatience de comprendre ce qu’il s’était passé. Il acquiesça à sa demande mais fit un signe à ses hommes. La moindre tentative hostile tournée vers ses hôtes lui serait fatale.

Elle ne fit pas cas de sa méfiance et entra presque immédiatement en transe. Il fallait qu’elle brise le sceau magique qui conférait une apparence équivoque au Doppleganger. Elle puisa dans toutes les ressources dont elle disposait. Elle ressentait cruellement les privations de nourriture et d’eau. Elle savait qu’elle pouvait perdre sa vie dans cette incantation mais avait elle le choix. Elle finit par rompre le sceau magique et réintégra son corps in extremis avant de se faire happer par les forces de la nature. Elle reprit ses esprit et vit que l’assemblée qui l’entourait était figée, pétrifiée par la stupéfaction. Ils voyaient enfin la vérité, il n’y avait plus deux Garel mais le pauvre enfant et une sorte de monstre vaguement humain avec des mains griffues et un visage difforme. Silfor II compris alors qu’il y avait eu une terrible méprise.

Face à Face

Le loup d’or donna l’ordre du départ, il serait en fin de matinée face aux puissants remparts de Veriadan. Son armée avait dévasté la campagne, c’était un bon entraînement pour la lutte qui allait avoir lieu. De plus, les nouvelles de leurs exactions les précèderaient et sèmeraient la terreur parmi la population. Il n’y aurait pas beaucoup d’effort à faire pour s’emparer de cette ville. Les humains étaient de piètres combattants. L’armée des ténèbre se mit en ordre de marche. Elle progressait lentement mais les échauffourées des dernières semaines avaient rendu les soldats impatients d’en découdre vraiment. La soif de sang et de destruction se faisait sentir à tous les niveaux.

Quand le soleil fut à son firmament, la légion se présenta dans la plaine qui faisait face à la ville sainte. La surprise et la consternation furent totales. Dès l’apparition de l’avant-garde les paysans fuirent vers la cité pour se mettre à l’abri. Heureusement, les chevaliers de la croix avaient encore une discipline de fer. Ils réagirent avec le plus grand calme et réussir à canaliser le flot de la foule apeurée. Au même instant, faisaient irruption dans la plaine, une troupe de quinze hommes, il s’agissait du maître de cavalerie avec sa troupe.

Malheureusement, il ne pouvait rallier la ville car l’armée ennemie se trouvait sur son chemin. Son arrivée en trombe, la fit immanquablement remarquer de l’arrière garde de l’armée du loup. Immédiatement, il détacha un groupe pour aller s’occuper de cette menace et laissa le commandement au démon ailé qui prit son envol pour superviser les opérations. Son groupe était constitué d’une horde de gobelins, de cinq gargouilles et d’un golem de feu.

Le maître de cavalerie n’avait pas le choix, il lui faudrait combattre et tenter une percer pour rejoindre la cité des anges.

dimanche, juin 18, 2006

Les éclaireurs

Bilarr quitta le conseil et se dirigea vers la Basilique de guerre Saint Réual, il était entouré de ses principaux lieutenants. Il pénétra dans l’enceinte fortifiée promptement. Les gardes lui adressèrent un salut discret. L’aspect cérémonieux qui régnait dans les autres cours du royaume n’avait pas cours ici. Il se dirigea vers ses appartements où seuls quatre officiers supérieurs furent conviés. On trouvait le maître de cavalerie, le Duc Rouge, qui dirigeait les archers, le maréchal Félan qui organisait les fantassins et un personnage plus mystérieux que les autres, l’archi sage Viktor. Son rôle n’était pas très clair pour l’ensemble des chevaliers mais tous respectaient sa fonction séculaire.

En fait, dans l’ancien temps, ce poste était majeur, il était occupé par le bras droit du roi. C’était généralement la charge d’un puissant magicien. Il avait pour fonction de soutenir les troupes à distance par un appoint magique. Dans les temps modernes, la fonction avait perdu toute sa substance après la disparition de la magie. Le prestige de cette fonction s’était amoindri progressivement. Malgré tout, les héritiers des mages anciens avaient conservé leur place au sein des chevaliers de la croix sans les capacités qui avaient constitué le lustre de leurs aînées.

Ils disposaient toutefois d’un atout de taille : la bibliothèque St Réual. Dans un bâtiment annexe de la Basilique, une bibliothèque avait été constituée au fil des siècles. Elle regorgeait d’ouvrage de magie et seul les archi sage et leurs disciples y avaient accès. Viktor passait de nombreuses heures dans ce lieu mais il avait les pires difficultés à appréhender les enseignements contenus dans ces livres. De nombreuses fois, il avait tenté de mener à bien différentes pratiques magiques sans obtenir un quelconque résultat mais il ne se lassait guère et comptait renouveler l’expérience jusqu’à ce qu’il obtienne un résultat.

Une fois dans les appartements du roi, les leaders de l’ordre se mirent d’accord avec la bénédiction de leur roi. Une troupe de 15 hommes dirigée par le maître de cavalerie servirait d’avant-garde. La mission de ce groupe serait de récolter le maximum d’informations sur la menace qui planait et si possible de l’éliminer définitivement. Le groupe de cavaliers ainsi constitué devait se mettre en branle sur le champ.

Dès que l’ordre fut donné, le maître de cavalerie parti sur le champ, il enrôla 15 de ses meilleurs cavaliers, et mis le cap sur le sud à la sortie de la ville. Il comptait remonter la piste des assaillants en se basant sur les témoignages des paysans qui étaient parvenu jusqu’à Veriadan. D’après les informations qu’il avait récoltées lors des nombreuses auditions de victimes, le premier village qui avait subit la cruauté de cette armée fantôme se trouvait à une semaine de cheval. En forçant l’allure, il pensait pouvoir mettre deux fois moins de temps. Ses hommes étaient des aguerris, leurs montures étaient puissantes et il avait l’habitude des longs trajets exténuants.

A l’aube du quatrième jour, ils avaient en ligne de mire, le village en question. Le spectacle était terrifiant, tout n’était que désolation et ruines. Pas une seule maison n’avait été épargnée, il ne restait que des cadavres qui commençaient à se décomposer. Pas une âme ne semblait vivre dans cet enfer terrestre. La puanteur était telle que même ses hommes commençaient à être incommodé. Il avait espéré trouver un endroit pour prendre un peu de repos mais manifestement, il n’y avait aucun moyen de se relaxer.

C’est à ce moment qu’il aperçu une dépouille parmi les victimes qui dénotait. Ce cadavre se distinguait des autres car il n’était pas humain. Tout son être se glaça, les rumeurs étaient donc vraies. Il s’engagea en direction du macchabée malgré la frayeur de sa monture qui renâclait et refusait d’aller plus loin. Il mit pied à terre et s’approcha pour découvrir une sorte d’humanoïde pourvu d’une tête de serpent. La panique le gagnait mais il se devait de rester calme et de mener à bien sa mission. Il lui semblait pure folie que de poursuivre plus loin ses investigations. Les risques étaient trop grands. Il pris la décision de rebrousser chemin pour en avertir immédiatement le roi.

dimanche, juin 11, 2006

L'enquête

Une fois l’entretien terminé le roi restait perplexe et troublé. Il regagna ses appartements et ordonna de convoquer les meilleurs investigateurs de la ville. Après quelques heures, ceux-ci se présentaient devant leur souverain. Il leur expliqua la mission et le temps qui leur été imparti. Tous avaient déjà eu vent de la nouvelle et connaissaient l’importance de la tâche qui leur été confiée. Des trois enquêteurs, un seul avait assez de talent pour mener à bien sa mission avec sérieux et rigueur. Il s’agissait de Marcibal.

Marcibal était un homme d’une quarantaine d’année, il avait une réputation qui n’était plus à faire et avait résolu de nombreuses énigmes. Il était calme, rigoureux et précis. Il avait un physique commun, un peu passe partout ce qui lui permettait de se fondre sans difficulté dans le décor sans se faire remarquer. C’est grâce à ce talent qu’il obtenait rapidement des informations. Comme il inspirait spontanément confiance, il lui était facile de pénétrer dans tous les recoins de la ville y compris les plus secrets.

L’enquête pour laquelle il avait été mandaté semblait simple. Mais, il décida de tout reprendre à zéro. Le roi avait commenté les dires des captifs et il devait faire preuve d’impartialité s’il voulait trouver des preuves irréfutables. Il se rendit au palais, interrogea les gardes présents lors du drame. Un élément le surpris, la présence de Garrel dans la salle des gardes. Elle été plutôt incongrue car ses fonctions n’avait aucun rapport avec ce type d’activité.

Il décida donc de se rendre au domicile de la victime. La porte était verrouillée mais il n’eut aucun mal à la crocheter. Il pénétra dans la bâtisse et commença ses investigations. Le salon était en désordre, ce qui était inhabituel car selon les dires de ses amis, il était d’une maniaquerie maladive. De plus, Marcibal remarqua sur le canapé bleu des taches sombres. Il n’eut plus de doute en examinant de près la souillure, il s’agissait de sang.

Marcibal décida de bouger les meubles car leur localisation dans la pièce semblait incohérente. C’est alors qu’il fit une découverte qui devait le mettre sur la voie de la vérité. Une énorme mare de sang avait été astucieusement occultée par un tapis et le canapé. Le sang été visqueux et presque totalement sec. Cela voulait dire que le crime potentiel était récent. Mais qui avait été tué en ce lieu ? Marcibal n’arrivait pas à emboîter les éléments de manière cohérente.

Il décida donc de poursuivre ses recherches dans la maison. Il fouina un peu partout sans trouver d’éléments probants. Il avait de toute évidence raté quelque chose. Une victime qui saignait abondamment devait être occultée quelque part. Il fallait repartir du salon et tenter de suivre la traînée sanglante. Après avoir plusieurs minutes observé le lieu du forfait, il repéra enfin l’indice qui lui donnerait la clef de l’énigme. Le meurtrier avait pris beaucoup de soin pour effacer les traces qui pouvait mener au cadavre. Il remarqua d’infimes traces qui le menèrent vers la chambre attenante au salon. Mais brutalement les traces disparaissaient.

La solution était forcément dans cette pièce. Un tour d’ensemble ne révélait rien d’anormal. Il y avait un joli parquet avec un lit à baldaquin et une armoire remplie de nombreux vêtements d’apparats. A part cela une fenêtre laissait rentrer une lumière blafarde et donnait sur une cour intérieure équipée d’un lavoir. La décoration était pauvre, il n’y avait qu’un tableau qui représentait une famille au grand complet. Selon toute probabilité, il s’agissait de la famille du défunt.

Il avait besoin d’aide pour résoudre cette énigme. Il pensa à son vieil ami l’alchimiste. Peut être qu’avec ses connaissances il pourrait trouver la solution même si ses décoctions étaient souvent une poudre de perlimpinpin. Il se rendit à son échoppe et lui conta ses découvertes. L’alchimiste accepta de l’accompagner et emmena son fidèle compagnon un vieux rat apprivoisé. Une fois dans la pièce en question, il étaient en train de faire différentes conjectures quand le vieux rat disparu sans qu’ils y prêtent attention.

Ils finirent par entendre des gémissements à peine audibles. L’alchimiste reconnu son fidèle compagnon sans pouvoir le voir. Ils tentèrent tous deux de déterminer l’origine du son et finirent par découvrir qu’il venait de sous le plancher. Marcibal sorti quelques instants puis revint avec une pioche pour brise le parquet et délivrer la pauvre bête. Dès que la pioche atteint le parquet celui-ci volât en éclat instantanément et la surprise fut de taille. Le soubassement était plutôt profond et contenait la dépouille mortelle de Garel. Le rat était aussi là, il avait pu descendre mais n’avait pu remonter faute d’accès au parquet bien plus haut que de coutume.

Marcibal ne comprenait plus rien. Il y avait désormais deux Garel. A sa connaissance, le page n’avait aucun jumeau. Il fallait en rendre compte immédiatement au roi. Lui seul saurait quoi faire et comprendre ce qui était en train de ce produire. Quel maléfice avait pu entraîner une telle chose ?