samedi, août 05, 2006

La Vérité

L’affaire, si simple en apparence, prenait une tournure inquiétante. Trop de mystères planaient sur la disparition du roi et maintenant de Garel. Il fallait démêler l’écheveau pour enfin connaître la vérité. Empli de doutes, il se rendit sur le champ au palais du roi pour lui faire son rapport. Il fut rapidement introduit dans la salle du conseil. Le roi faisait montre d’impatience sur ce sujet qui lui tenait tellement à cœur. Une fois expédiées les formules de politesse, Marcibal rendit compte de ses étranges découvertes.

Comme lui le roi se trouva troublé par ses nouvelles révélations. Rien n’était cohérent, ni logique. Deux cadavres pour une seule personne ! C’en était trop, bien que n’étant pas un familier de la magie, Silfor II avait lu nombres de livres de la bibliothèque de son père. Il considérait tous ces récits comme des contes mais désormais il entrevoyait la possibilité que les dires des auteurs anciens étaient authentiques. Si tel était le cas, ils étaient tous en grand danger car si l’empereur dieu venait à reprendre le pouvoir les conséquences pour l’humanité seraient catastrophiques.

Eloignant ses sombres pensées, le roi décida de se rendre dans les geôles du château pour rendre visite à ses prisonniers. Ils auraient peut-être des éclaircissements à lui apporter pour résoudre cette énigme. Il avait en plus cette intime conviction qui le taraudait. Il n’arrivait pas à se persuader que l’elfe qui s’était présentée à lui représentait une menace. Il s’engouffra dans le passage qui menait aux oubliettes. Il était toujours entouré de deux gardes qui assuraient sa protection rapprochée depuis la mort de son père. Ce sont ses conseillers qui avaient insistés, la protection de sa personne revêtait une importance particulière.

Bien que cette coutume ancestrale fût abandonnée de longue date, les derniers évènements avaient restauré certains usages anciens. Il ne pouvait plus faire un pas sans ses deux anges gardiens. Cela le gênait mais il n’était pas disposé pour autant à réduire son activité quotidienne. C’est à grande peine que les deux protecteurs suivaient le rythme, le manque d’habitude et d’entraînement pesait sur leurs nouvelles attributions. Silfor dévala les escaliers pour se retrouver enfin devant les deux accusés.

Bien que calme en apparence, il avait beaucoup de mal à se départir de l’image de son père assassiné avec les deux étrangers à son coté. Il finit par entamer le dialogue et leur conter les derniers développements de leur enquête. C’est la sagesse et le bon sens de ce jeune roi qui fut à l’origine de leur salut. Après l’exposition des faits nouveaux, Zelphire indiqua qu’elle était en mesure de confondre le véritable assassin. Le roi en fut stupéfait mais il conservait toute sa méfiance.

Il accepta malgré tout que Zelphire l’accompagne pour lui démontrer ses dires. Toutes les précautions étaient prises, Zelphire suivait le roi à bonne distance, ses mains et ses jambes étaient entravées et deux soldats l’encadraient de près. Le moindre mouvement hostile de sa part aurait été fatale. Les hommes de troupes avaient été prévenus que la prisonnière pouvait utiliser des sortilèges dangereux. Il gardaient donc un œil attentif à tout changement d’attitude et avait instruction en cas de doute d’exécuter l’otage.

Ce ne fut pas nécessaire, Zelphire resta parfaitement neutre jusqu’à ce qu’ils atteignent la morgue. Une fois a l’intérieure, ils se dirigèrent vers les deux dépouilles de Garel qui semblait identiques en tout point. Les plus éminents médecins s’étaient penchés sur les deux corps sans pouvoir expliquer leur fascinante gémellité. Zelphire se rapprocha du premier corps puis du second sans un mot. Elle se concentrait intensément pour pouvoir utiliser son dont de perception extra sensorielle. Privé de son objet de pouvoir, l’utilisation de la magie lui coûtait énormément mais la situation justifiait un tel risque.

Elle finit par se tourner vers Silfor II et lui dire que désormais elle savait et pouvait prouver leur innocence. A cette annonce, la stupeur se lut sur tous les visages. Même le roi paraissait incrédule. Elle demanda au roi de lui permettre d’utiliser ses capacités magiques afin de révéler la vérité au grand jour. Malgré les risques que cela représentait Silfor II brûlait d’impatience de comprendre ce qu’il s’était passé. Il acquiesça à sa demande mais fit un signe à ses hommes. La moindre tentative hostile tournée vers ses hôtes lui serait fatale.

Elle ne fit pas cas de sa méfiance et entra presque immédiatement en transe. Il fallait qu’elle brise le sceau magique qui conférait une apparence équivoque au Doppleganger. Elle puisa dans toutes les ressources dont elle disposait. Elle ressentait cruellement les privations de nourriture et d’eau. Elle savait qu’elle pouvait perdre sa vie dans cette incantation mais avait elle le choix. Elle finit par rompre le sceau magique et réintégra son corps in extremis avant de se faire happer par les forces de la nature. Elle reprit ses esprit et vit que l’assemblée qui l’entourait était figée, pétrifiée par la stupéfaction. Ils voyaient enfin la vérité, il n’y avait plus deux Garel mais le pauvre enfant et une sorte de monstre vaguement humain avec des mains griffues et un visage difforme. Silfor II compris alors qu’il y avait eu une terrible méprise.

Face à Face

Le loup d’or donna l’ordre du départ, il serait en fin de matinée face aux puissants remparts de Veriadan. Son armée avait dévasté la campagne, c’était un bon entraînement pour la lutte qui allait avoir lieu. De plus, les nouvelles de leurs exactions les précèderaient et sèmeraient la terreur parmi la population. Il n’y aurait pas beaucoup d’effort à faire pour s’emparer de cette ville. Les humains étaient de piètres combattants. L’armée des ténèbre se mit en ordre de marche. Elle progressait lentement mais les échauffourées des dernières semaines avaient rendu les soldats impatients d’en découdre vraiment. La soif de sang et de destruction se faisait sentir à tous les niveaux.

Quand le soleil fut à son firmament, la légion se présenta dans la plaine qui faisait face à la ville sainte. La surprise et la consternation furent totales. Dès l’apparition de l’avant-garde les paysans fuirent vers la cité pour se mettre à l’abri. Heureusement, les chevaliers de la croix avaient encore une discipline de fer. Ils réagirent avec le plus grand calme et réussir à canaliser le flot de la foule apeurée. Au même instant, faisaient irruption dans la plaine, une troupe de quinze hommes, il s’agissait du maître de cavalerie avec sa troupe.

Malheureusement, il ne pouvait rallier la ville car l’armée ennemie se trouvait sur son chemin. Son arrivée en trombe, la fit immanquablement remarquer de l’arrière garde de l’armée du loup. Immédiatement, il détacha un groupe pour aller s’occuper de cette menace et laissa le commandement au démon ailé qui prit son envol pour superviser les opérations. Son groupe était constitué d’une horde de gobelins, de cinq gargouilles et d’un golem de feu.

Le maître de cavalerie n’avait pas le choix, il lui faudrait combattre et tenter une percer pour rejoindre la cité des anges.