samedi, mars 25, 2006

Le Loup d'Or

A peine eut il repris conscience qu’il su immédiatement que la magicienne elfe était elle aussi de retour dans le monde des vivants. Il ne pouvait la laisser faire. Il fallait l’éliminer au plus vite et réveiller les trois autres seigneurs noirs prisonniers en trois lieux différents des terres blanches. Pour le moment sa principale mission consistait à réactiver de ses pouvoirs ou tout au moins d’une partie de ceux-ci.

Le loup d’or sous sa forme humaine était grand et puissant, ses muscles saillants faisaient impression. Au-delà de cette stature impressionnante, c’est sa tête de loup au pelage doré qui impressionnait. Le regard était glacial et les crocs acérés, prêt à déchiqueter, à briser, à tuer. Cette tête d’animal avait des expressions humaines et quand il souriait, c’était un rictus mauvais qui apparaissait sur ce visage incongru. Tout le personnage glaçait le sang car il émanait de cet être une profonde impression de haine et de volonté de détruire.

Avant de pouvoir espérer éliminer ses adversaires, le loup d’or devait passer par un processus d’activation lié à sa manière d’exercer la magie. On distinguait dans l’ancien temps trois catégories de mages : Ceux qui exerçait leur magie au travers d’un objet de pouvoir, ceux qui utilisait des composants pour déclancher des sorts et ceux qui utilisaient leur énergie vitale pour faire appel aux forces occultes. C’est à ce dernier type qu’appartenait le seigneur noir. Pour soutenir son pouvoir et éviter une mort certaine lors de puissantes invocations, il avait un besoin insatiable de drogues.

Il n’eu pas grand peine à se glisser hors de son sépulcre. Un bon coup d’épaule et la dalle massive céda le laissant évoluer à l’air libre. Dans les terres noires, l’atmosphère était lourde, le soleil presque totalement voilé et partout régnait la désolation la plus totale. Il y avait urgence pour la bête, elle devait trouver un plus tôt quelques plantes afin de préparer une première mixture pour revitaliser sa puissance magique. Son meilleur atout, un odorat exceptionnel lié à ses perceptions animales. Après avoir humé l’air quelques secondes, le sorcier se mis en route, il sentait déjà l’excitation le gagner, la jouissance que procurait l’exercice de ses pouvoirs le rendait euphorique. Puis, il senti l’odeur du sang, du sang humain qui allait couler à nouveau. Cette nouvelle senteur lui arracha un cri terrifiant qui n’était rien d’autre pour lui qu’une expression de plaisir absolu.

Après une heure de marche à bonne cadence, il eut en point de mire une modeste chaumière. Les choses sérieuses allaient commencer.

Révélations

Reprenant ses esprits, Zelphire se tourna naturellement vers Arion qui était bouche bée. Elle le scruta du regard et tout aussi spontanément lui adressa la parole. Malgré un vague sourire, sa voix était chargée d’angoisse :
« Chevalier Force lui dit elle, l’heure est venu de reprendre les armes car en me libérant tu as réveillé la magie et avec elle les seigneurs noirs. Nul doute que bientôt il retrouveront tous leurs pouvoirs afin de restaurer le règne de l’Empereur Dieu et se sera la fin de notre monde »
Arion sursauta à ces mots, cela faisait beaucoup de données à intégrer en si peu de temps. Mais le ton de l’urgence, cette certitude de malheurs à venir fit prendre un air grave au jeune Arion. A aucun moment, il ne douta de la véracité de ce qu’il venait d’entendre. Il y avait comme une intuition au fond de lui qui le poussait à croire l’elfe. Il avait milles questions à lui poser mais il compris que ce n’était pas fort à propos.

Devant le silence d’Arion, Zelphire poursuivit. Elle expliqua qu’une grande bataille avait eu lieu. Les magiciens des deux camps avaient outrepassé leurs droits d’avoir recours à des puissances qui dépassaient l’entendement humain. Ainsi pour les punir, le JUSTE (sorte d’émanation de toutes choses) intervint. Il sanctionna les deux factions. La première fut la condamnation de tous les êtres magiques et magiciens au bannissement définitif. La deuxième fut la partition du monde en deux. La moitié de l’humanité vivrait dans la souffrance et la douleur au sein des terres noires. L’autre moitié serait préservée des maux au sein des terres blanches et connaîtrait la prospérité et le bonheur. Ainsi, déclara le JUSTE, l’équilibre des forces au sein du monde des hommes sera restauré pour les siècles à venir. Il prophétisa aussi qu’un jour viendrait la restauration. Alors à nouveau le destin des hommes serait entre leurs mains.

Elle révéla également qu’avant de partir en exil dans ce long sommeil, elle vit se lever la barrière de feu. En fait, il s’agissait d’un immense mur de flammes irradiant a plusieurs dizaine de mètre une chaleur insoutenable et délimitant les deux mondes opposés qui devraient s’ignorer jusqu’au jour de la restauration. Aujourd’hui la réconciliation des deux mondes approchaient car la muraille ardente ne résisterait pas à l’assaut des seigneurs noirs.

dimanche, mars 19, 2006

Le Reveil

Le sarcophage était transparent et laissait clairement apparaître une jeune femme parfaitement conservée en son sein. Après 100 siècles, elle gisait là, on aurait littéralement dit qu’elle dormait. Arion fut immédiatement subjugué par sa beauté féline. De ce qu’il en apercevait, elle avait tout au plus 18 ans, une peau fine et délicate, un nez droit et légèrement retroussé, des pommettes saillantes, une bouche pulpeuse et une silhouette gracieuse. Elle disposait aussi d’une chevelure abondante couleur des blés mûrs.

Passé le moment de la contemplation, Arion décida de tenter de sortir la jeune elfe de sa prison. Il asséna alors un violent coup sur le couvercle du sarcophage. A sa grande surprise, rien ne se produisit pas même une éraflure sur le matériaux qui semblait si fragile. Il compris alors que la force physique ne lui serait d’aucune utilité face à cette barrière de verre. Il lui fallait trouver une autre voie. Il détourna son attention du cercueil pour observer les alentours en quête du moindre indice. L’endroit était rempli de poussières et de divers dépôts des siècles qui s’étaient écoulés. Dans un angle mort du mur nord, Arion remarqua une sorte de protubérance masquée par diverses souillures mais aussi par une disposition astucieuse des torches dont les halos occultaient totalement cette surface. D’ailleurs sans le sens aigue de l’observation qu’il avait développé au sein de la nature, aucun humain n’aurait pu remarquer cette sphère.

Arion se dirigea vers le globe et le nettoya précautionneusement. Une fois mis à jour, le globe se mit à luire d’une lueur bleutée identique à la clarté des flambeaux. Un texte était gravé sur sa base, il disait :

« Loué soient les sept pilier du temps qui ont suspendu les époques sombres pour le bien commun. Loué soit le sacrifice de mages qui ont exaucé ce vœux. Qu’à jamais il reposent en paix et que leur souvenir soit glorifié »

Malgré cet avertissement, Arion n’eut cure de ce qui s’était passé il y a 10 000 ans. De toute façon, il considérait que ces temps étaient bien lointains et révolus. L’attraction irrépressible qu’exerçait la jeune femme était plus forte que tout. Il voulait la sauver, la libérer. Il nourrissait aussi le secret espoir qu’elle pourrait l’aimer. Il voulait être un héros. Ce fut sa seule erreur. Avec la garde de son épée, il fit sauter le sceau que symbolisait cette pierre ronde. Une onde d’énergie bleue parcourue la pièce sans faire de dégât mais fit voler en mille morceaux la geôle de verre. Arion se retourna vers Zelphire qui ouvrit des yeux ambrés.

Au même moment, à des milliers de kilomètre de là, sur les terres noires, un sceau se brisait. Renaissait alors une sombre légende, un homme loup au pelage d’or. L’équilibre fragile des derniers millénaires était rompu. La lutte pour la domination allait reprendre, une lutte sans merci qui verrait la victoire totale d’une seule des parties. Mais Arion était bien loin de toutes ces considérations tout occupé qu’il était à la contemplation de la résurrection d’un être sans pair dans les Royaumes Unifiés.

Le Tombeau

Poussé par une inexorable envie d’en savoir plus, Arion se mit à scruter attentivement la pierre tombale. Comme il l’avait supposé, le bloc était apposé à même le sol, le scellement hermétique de la crypte était assuré par une jointure similaire au ciment. Grâce à sa force, il pensait pouvoir facilement déplacer la stèle affleurante à condition de trouver un levier. Ce fut chose faite avec l’épée qu’il portait au coté. En un rapide mouvement l’ensemble céda sans effort important. Reposant avec précaution la dalle, Arion aperçu un escalier qui s’enfonçait profondément dans la sépulture sans qu’il puisse en apercevoir le fond.

Sans réfléchir, Arion décida d’aller explorer le tombeau. Il ramassa un solide bâton, l’entoura d’un chiffon et l’imbiba d’huile. Il enflamma le tout sachant que la lumière fournie ne pourrait pas durer éternellement avec ce bricolage. Mais l’attrait de l’inconnu était plus fort que tout. Il descendit les marches. L’escalier était taillé finement mais aucune décoration n’apparaissait à ce niveau. Après avoir descendu une dizaine de marché, Arion aperçu le chambranle d’une porte qui avait totalement disparu. Il remarqua une faible clarté qui émanait de la pièce en question.

Ignorant une quelconque angoisse ou peur, il descendit d’un pas résolu les dernières marches et traversa sans hésitation le seuil du caveau. La surprise fut de taille car la pièce était parfaitement éclairée par des torches qui projetaient une lumière bleutée surnaturelle. Arion ne compris pas immédiatement comment cela était possible. Rien ne pouvait durer aussi longtemps d’après ce qu’il savait. De surcroît cette clarté fascinante n’était pas de l’ordre du possible. Toutes ses certitudes étaient en train de s’effondrer. Il avait sous les yeux une preuve irréfutable que la magie existait, que les vielles légendes qu’on lui contait étant enfant étaient peut être exactes.

Les idées se bousculaient dans sa tête. Fasciné par cette découverte, il n’avait pas encore remarqué le cercueil de verre qui trônait au milieu de la pièce. Une fois recouvré son calme, il tourna enfin la tête vers le cercueil de verre. Le choc de ce qu’il vit fut tel qu’il en resta pétrifié

La Découverte

C’est ainsi que tout commença, par un beau matin d’été, Arion entreprit l’une de ses promenades favorites au sein de la forêt de Trobb. L’immensité de cette forêt lui offrait en permanence de nouvelle découverte d’essences et d’animaux. Il ne se lassait pas d’observer cette vie grouillante bercée par le bruissement des animaux affairés à assurer leur subsistance ou leur survie. Après des années d’observation du monde sylvain, il avait acquis une certaine habileté pour se mouvoir discrètement et il se fondait totalement dans cette faune. On aurait dit qu’il était une partie de ce monde, un membre à part entière. Malgré le danger latent, les rares confrontations auxquels il avait été contraint de faire face s’étaient soldées par une retraite de l’ennemie. Les animaux sauvages, même les plus agressifs, préféraient la retraite à un affrontement aléatoire.

Arion se laissait porter par l’esprit de la forêt, il marchait sans but réel. A chaque fois, il s’enfonçait plus profondément au sein de la gigantesque Trobb. Quand la fatigue le gagnait, il faisait une pause et observait les alentours. Il se nourrissait de la sérénité qui y régnait. Il se sentait compris, il existait. Après plusieurs heures de marche ce fameux jour, il décida de faire une pause au sein d’une minuscule clairière tout près d’un ensemble dense de robustes chênes. Le soleil montait à son zénith quand il s’assit pour prendre une frugale collation. C’est pendant ce moment de repos, pendant que son esprit vagabondait que son regard se posa sur une stèle presque totalement occultée par la végétation au pied d’un chêne centenaire.

Poussé par la curiosité, Arion s’approcha du monolithe, il s’appliqua à retirer la végétation qui le recouvrait. A sa grande surprise, la plaque de marbre de Carrare était en parfait état. C’était un rectangle de deux mètre sur un qui portait des inscriptions. Au début le texte lui parut indéchiffrable, mais la langue au cours des derniers millénaires avait peu évoluée, ainsi avec quelques ajustement de lettre et quelques extrapolations de mots, il fini par soutirer un sens au mots. Il était écrit :

« Ici repose Zelphire, fille de Trogodon roi des elfes Cyllique du nord. »
Sous le texte était apposé une date : « solstice de 716 »

Dès qu’Arion lut la date, il fut pris de vertige. Cela faisait environ 10 000 ans selon le calendrier des Royaumes Unifiés que Zelphire reposait là.