vendredi, avril 28, 2006

Le Sicaire

L’ombre se mouvait parmi les hommes au sein de la cité. Elle était bien présente et connaissait tous les usages des hommes ce qui lui permettait de glisser au sein du flot humain sans la moindre anicroche. Elle décida de prendre une apparence féminine agréable car les langues se déliaient mieux ainsi et commença à glaner des informations. Sa route l’amena à la taverne des Trois Chevaux haut lieu des rumeurs et ragots en tout genre. C’est ainsi qu’en participant à droite et à gauche à diverses conversations, elle repéra un jeune page de la cour.

L’hydromel coulait à flot et le jour commençait à décliner. Le Doppleganger avait ferré sa proie. Le jeune damoiseau avait l’esprit embrumé par l’alcool et la jeune femme qui lui parlait depuis prêt d’une heure était très belle. Il se sentait pousser des ailes malgré parfois ses questions saugrenues. Prenant son courage à deux mains, il proposa à la jeune femme de se rendre à ses appartements pour pouvoir mieux apprécier sa compagnie. A sa grande surprise la créature accepta presque immédiatement. C’est alors qu’il leva le camp pour une modeste maisonnette au coeur de la cité.

Une fois à l’intérieur, il arracha par surprise un baisé à la belle qui le repoussa avec une force qu’il ne lui imaginait pas. Il compris qu’il avait fauté, se confondit en milles excuses et fit asseoir la dame dans un joli canapé bleu. Celle-ci ne cessait de poser des questions sur son travail, sur sa proximité avec le roi etc. Jamais il n’avait rencontré une personne aussi passionnée par son activité. S’il avait été plus lucide, il se serait méfié, hélas il était trop saoul pour évaluer la situation.

Dès qu’il eut l’ultime information qui lui faisait encore défaut, le meurtrier fondit sur sa victime. Sans qu’il ait esquissé un seul mouvement, la dague décrivit un mouvement circulaire le long de sa gorge. Immédiatement le sang coula à flot. Dans une lutte désespérée pour sa survie, le page porta ses mains à sa gorge tentant de retenir la vie qui s’écoulait à grand flot. Ce geste grotesque fut vain. Il expira dans la seconde qui suivit. Fier de son ouvrage, l’assassin regarda avec minutie son hôte, en une poignée de seconde, il l’imita à la perfection. Même sa mère aurait été abusée par le subterfuge.

Choisissant une garde robe adaptée, le change forme quitta le lieu de son forfait et se rendit au palais. Une fois dans la cour intérieur, il se dirigea vers le siège du gouvernement. Les gardes en faction ne firent aucune difficulté dès qu’ils entendirent le mot de passe. Le page Garrel de Tordic était dans le saint du saint : Le cœur du gouvernement mais aussi du trésor royal. Garrel pensa qu’il serait bon d’avoir un petit avantage sur ses adversaires. Il pris donc la décision de s’emparer en premier lieu de l’amulette. On n’était jamais trop prudent !

A la concentration de gardes qui stagnaient dans cette antichambre, il compris que la salle du trésor n’était pas loin. Malheureusement, c’était aussi le seul accès possible. Ainsi Garrel attendit la relève, il se glissa subrepticement parmi le nouveau groupe en queue de file et tenta sa chance. Désormais au cœur de la pièce, il lui restait à trouver un moyen de pénétrer dans la salle suivante. Mais, à sa grande surprise, un des gardes le harangua. Par malchance il connaissait Garrel et ne comprenait pas l’objet de sa présence ici car le page n’était pas un garde.

Il fallait jouer subtilement sous peine d’être démasqué et exécuté. La réplique se faisait attendre quand un grand fracas parvint aux oreilles de la troupe. Manifestement il se passait quelque chose dans les proches environs et toute l’attention des gardes fut reportée sur ce désordre. Ils en oublièrent le jeune page qui profita de l’aubaine pour se glisser derrière la porte qui donnait sur un couloir menant au trésor royal. Les gardes sur le qui vive, l’épée à la main accoururent vers l’origine du tapage non sans avoir pris la précaution de laisser derrière eux trois hommes, sabre au clair, prêt à sacrifier leur vie pour accomplir leur mission. La tension était à son comble.

L'Armée des Ténèbres

Utilisant au maximum ses ressources, le loup d’or s’appliqua à conserver une brèche de transfert entre les deux dimensions. Il avait besoin de constituer une armée pour partir à la conquête du royaume du nord des terres blanches. C’est à cet endroit que se trouvait en sommeil Difan. A la différence du loup d’or qui commandait aux différentes bêtes surgies des ténèbres, Difan était le seigneur vampire qui gouvernait les morts vivants. Sa libération serait un appoint non négligeable dans la conquête qu’il préparait.

Difan était prisonnier de la crypte de la basilique de Saint Réual dans Veriadan, la cité des anges. Vériadan était le cœur du royaume du nord. Elle était le lieu de résidence habituelle du roi vassal : Bilarr. Il s’agissait du cœur spirituel des royaumes unifiés et un lieu de pèlerinage couru pour tous les croyants. De nombreuses religions s’y côtoyaient en toute quiétude. Il semblerait que c’est Sait Réual (un clerc magicien très puissant) qui aurait banni Difan après une lutte acharnée. Il aurait même construit ce sanctuaire sur la tombe de Difan pour accomplir le rite magique de bannissement.

Fort de ces connaissances, le loup d’or savait que la prise de la ville ne serait pas aisée. Il lui fallait une armée pas forcément nombreuse mais suffisamment puissante et impressionnante pour inspirer la terreur. Une bataille se gagnait souvent, au-delà des armes, sur le moral des troupes. Il savait aussi que les soldats du nord n’avait pas eu beaucoup d’occasions de ce battre ces derniers siècles. Ils n’avait pas vu non plus d’être fantastiques inquiétants. C’était un avantage indéniable. Mais parfois l’énergie du désespoir décuplée par la peur pouvait poser des problèmes. Il ne fallait rien laisser au hasard.

Toujours connecté avec le monde infernal, il fit son choix sur les créatures qui serait de cette expédition. Son énergie faiblissait, il lui fallait faire vite s’il voulait réunir une armée suffisante. Il extirpa ainsi des gargouilles, des trolls, des gobelins, quelques hommes serpents et un nombre restreint de golem de feu. Il ne pu faire mieux. L’ensemble de ces troupes était dirigé par un démon humanoïde à la peau d’acier et à un démon ailé d’aspect arachnide. Le premier était insensible à toute arme conventionnelle grâce à sa protection naturelle et était expert dans les mouvements de troupes au sol et en poliorcétique. Le second était spécialisé dans la stratégie aérienne. Il pouvait projeter des fils collants et sa morsure injectait un poison capable de tuer n’importe quel être vivant en quelques secondes.

Une fois l’armée constituée, elle se mit en branle. Formée de quelques centaines d’unités, celle-ci était effrayante à voir. Les gobelins et les hommes serpents constituait le gros des effectifs et étaient en première ligne. Les trolls et les golems étaient en fin de peloton. Les gargouilles volaient lourdement dans le ciel au dessus de l’effroyable compagnie. Enfin, en retrait, le loup d’or et ses conseillers démons organisait la mise en marche de la terrifiante légion.

Le premier obstacle qui allait se dresser sur leur chemin serait le mur de feu. Barrière réputée infranchissable, il fallait au loup d’or constituer d’importantes ressources magiques pour assurer à sa troupe un passage sans encombre. Pour ce faire, il lui fallait exécuter un rite magique particulier. Une protection majeure prenait du temps et consommait beaucoup de ressources. Il aurait besoin de beaucoup d’énergie vitale pour accomplir ce prodige. Cela signifiait donc le sacrifice d’une population importante et divers breuvages complexe à élaborer.

La récupération de tous les éléments nécessaires à cette prouesse dura trois jours et mobilisa toutes les ressources de l’armée de campagne. Celle-ci avait fait une bonne vingtaine de prisonniers humains qui seraient sacrifiés le moment venu. Les démons s’étaient occupés de réunir les précieux ingrédients. Désormais tout était prêt. Un cercle démoniaque fut constitué. En son sein, le loup d’or pris place au centre et la foule des prisonniers y fut conduite. Pris de terreur, ces derniers tentèrent une vaine évasion hors du cercle mais il était trop tard. Une barrière invisible empêchait toute retraite hors du pentacle formé.

L’invocation nécessaire pour ouvrir une brèche temporaire dans le mur du JUSTE imposait le recours à une force supérieur et souvent incontrôlable : Un dieu démon. Lui seul serait en mesure d’accorder sa protection et d’autoriser le passage sur les terres blanches. Toutefois le prix serait élevé, le loup d’or le savait. Il avait pris ses précautions mais il était conscient que sa propre vie était en jeu dans ce genre d’adjuration.

dimanche, avril 23, 2006

La Cour

Après un petit quart d’heure à cheval, ils finirent par atteindre la résidence royale. Le palais était de toute beauté et avait été réalisé avec goût. Les personnages de la façade étaient finement sculptés et les fenêtres étaient larges et hautes. Ce palais était un lieu d’apparat et certainement pas un refuge en cas de conflit. D’ailleurs les différents citoyens pouvaient y accéder en toute liberté car il avait pour autre fonction d’être le cœur de l’administration locale.

Une fois dans la cour intérieur, les étrangers furent invités à mettre pied à terre et à rejoindre une portion de l’ensemble à l’écart du reste : Le siège du gouvernement royal. Cette partie du palais n’était pas très imposante mais à la différence des autres lieux de l’ensemble, elle était fortement gardée par des sentinelles en armes. Les fenêtres étaient équipées de barreaux pour assurer une protection optimale. Cela donnait l’impression de se trouver face à une place forte malgré l’élégance et la grâce de l’ensemble architectural.

Leur arrivée était attendue, les gardes ne firent aucune difficulté pour les laisser passer. L’atmosphère était pesante, les soldats qui les escortaient avaient du mal à dissimuler leur nervosité. Après une brève attente dans une petite salle, ils furent rapidement introduit dans un salon d’apparat ou les attendait trois nobles. Bien évidemment leurs chaperons, au nombre de quatre, les observaient de très près afin de parer à toute attitude hostile.

Le personnage central les interpella en leur demandant l’objet de leur visite. Zelphire pris la parole et indiqua de but en blanc l’objet de leur voyage. Immédiatement ce fut la consternation et des murmures s’élevèrent entre les trois aristocrates. Une fois le calme rétabli, ils indiquèrent à Zelphire que l’objet dont elle parlait été partie intégrante du trésor royal. En conséquence, il ne pouvait être restitué ou donné pour quelle que raison que ce soit. Seul le roi pouvait déroger à cette règle.

Arion, dont la spontanéité était implacable et désarmante, clama qu’ils devaient absolument voir le roi sur le champ. La réaction du conseil fut unanime : C’était impossible. Arion ne pris pas une seconde pour réfléchir, il asséna un violent coup de coude au chevalier de droite et dans la même seconde frappa du pied celui de gauche. Les deux hommes allèrent s’écraser deux mètre plus loin incapable de résister à la force surhumaine d’Arion. Les deux chevaliers encore debout tirèrent leurs armes du fourreau et se précipitèrent vers leur adversaire. Il aurait subi une blessure mortelle s’ils n’avaient été pétrifiés avant de pouvoir l’atteindre. Leurs membres ne répondaient plus, seules leurs têtes horrifiées tournaient en tout sens pour déterminer l’origine de ce maléfice.

Arion fit volte face a ses deux assaillants statufiés . Il se relâcha quelques peu. Il remarqua Zelphire dans une profonde transe. Des gouttes de sueur perlaient sur son front. L’effort que lui demandait sa magie était gigantesque. Elle ne pourrait bien longtemps maintenir son emprise sur autant d’humains. Avec célérité Arion ligota les deux chevaliers encore debout mais toujours incapables de se mouvoir. Il s’assura que les deux autres qu’il avait expédiés à même le sol n’était plus une menace. Une fois ces précautions prises, il ramassa son arme qui lui avait était confisquée et s’avança d’un pas menaçant vers les gentilshommes terrifiés.

Au même moment Zelphire à bout de force relâcha son emprise et sombra immédiatement inconsciente. Alors qu’Arion sommait les nobles de le conduire au roi, celui-ci, par une porte dérobée fit irruption dans la salle. Il avait observé les évènements via un judas habilement occulté. Il avait estimé que le moment opportun était venu pour mettre un terme à ces troubles. L’entrée du souverain eut l’effet escompté. Arion s’inclina gravement devant le monarque. Il demanda immédiatement assistance pour Zelphire toujours inanimée et lui implora de le pardonner pour tous les désagréments qu’il lui avait causés.