dimanche, juin 18, 2006

Les éclaireurs

Bilarr quitta le conseil et se dirigea vers la Basilique de guerre Saint Réual, il était entouré de ses principaux lieutenants. Il pénétra dans l’enceinte fortifiée promptement. Les gardes lui adressèrent un salut discret. L’aspect cérémonieux qui régnait dans les autres cours du royaume n’avait pas cours ici. Il se dirigea vers ses appartements où seuls quatre officiers supérieurs furent conviés. On trouvait le maître de cavalerie, le Duc Rouge, qui dirigeait les archers, le maréchal Félan qui organisait les fantassins et un personnage plus mystérieux que les autres, l’archi sage Viktor. Son rôle n’était pas très clair pour l’ensemble des chevaliers mais tous respectaient sa fonction séculaire.

En fait, dans l’ancien temps, ce poste était majeur, il était occupé par le bras droit du roi. C’était généralement la charge d’un puissant magicien. Il avait pour fonction de soutenir les troupes à distance par un appoint magique. Dans les temps modernes, la fonction avait perdu toute sa substance après la disparition de la magie. Le prestige de cette fonction s’était amoindri progressivement. Malgré tout, les héritiers des mages anciens avaient conservé leur place au sein des chevaliers de la croix sans les capacités qui avaient constitué le lustre de leurs aînées.

Ils disposaient toutefois d’un atout de taille : la bibliothèque St Réual. Dans un bâtiment annexe de la Basilique, une bibliothèque avait été constituée au fil des siècles. Elle regorgeait d’ouvrage de magie et seul les archi sage et leurs disciples y avaient accès. Viktor passait de nombreuses heures dans ce lieu mais il avait les pires difficultés à appréhender les enseignements contenus dans ces livres. De nombreuses fois, il avait tenté de mener à bien différentes pratiques magiques sans obtenir un quelconque résultat mais il ne se lassait guère et comptait renouveler l’expérience jusqu’à ce qu’il obtienne un résultat.

Une fois dans les appartements du roi, les leaders de l’ordre se mirent d’accord avec la bénédiction de leur roi. Une troupe de 15 hommes dirigée par le maître de cavalerie servirait d’avant-garde. La mission de ce groupe serait de récolter le maximum d’informations sur la menace qui planait et si possible de l’éliminer définitivement. Le groupe de cavaliers ainsi constitué devait se mettre en branle sur le champ.

Dès que l’ordre fut donné, le maître de cavalerie parti sur le champ, il enrôla 15 de ses meilleurs cavaliers, et mis le cap sur le sud à la sortie de la ville. Il comptait remonter la piste des assaillants en se basant sur les témoignages des paysans qui étaient parvenu jusqu’à Veriadan. D’après les informations qu’il avait récoltées lors des nombreuses auditions de victimes, le premier village qui avait subit la cruauté de cette armée fantôme se trouvait à une semaine de cheval. En forçant l’allure, il pensait pouvoir mettre deux fois moins de temps. Ses hommes étaient des aguerris, leurs montures étaient puissantes et il avait l’habitude des longs trajets exténuants.

A l’aube du quatrième jour, ils avaient en ligne de mire, le village en question. Le spectacle était terrifiant, tout n’était que désolation et ruines. Pas une seule maison n’avait été épargnée, il ne restait que des cadavres qui commençaient à se décomposer. Pas une âme ne semblait vivre dans cet enfer terrestre. La puanteur était telle que même ses hommes commençaient à être incommodé. Il avait espéré trouver un endroit pour prendre un peu de repos mais manifestement, il n’y avait aucun moyen de se relaxer.

C’est à ce moment qu’il aperçu une dépouille parmi les victimes qui dénotait. Ce cadavre se distinguait des autres car il n’était pas humain. Tout son être se glaça, les rumeurs étaient donc vraies. Il s’engagea en direction du macchabée malgré la frayeur de sa monture qui renâclait et refusait d’aller plus loin. Il mit pied à terre et s’approcha pour découvrir une sorte d’humanoïde pourvu d’une tête de serpent. La panique le gagnait mais il se devait de rester calme et de mener à bien sa mission. Il lui semblait pure folie que de poursuivre plus loin ses investigations. Les risques étaient trop grands. Il pris la décision de rebrousser chemin pour en avertir immédiatement le roi.