dimanche, mai 14, 2006

Silfor

Alors qu’il fit un signe à Arion pour qu’il se relève, une troupe armée fit irruption avec grand fracas. Les gardes se bousculaient pour pénétrer dans la pièce. Leurs mouvement désordonnés et incohérents leurs firent prendre un air plus ridicule que redoutable. Sur un ton qui imposait l’obéissance, le monarque tança sévèrement ses hommes pour leur manque de discipline et de bon sens. Il leur indiqua aussi que leur présence n’était plus requise vu que la situation était parfaitement sous contrôle. Un peu penaud, les soldats repartirent et reprirent une activité normale.

Une fois réglé ce désagrément le roi se retourna vers Arion puis vers Zelphire qui toujours inconsciente était bien entourée par des servantes immédiatement accouru sur l’ordre du roi. Enfin, il jaugea Arion et lui demanda de lui expliquer son affaire depuis le début. Le récit qui lui fut conté le laissa dubitatif. Si le jeune homme disait vrai, les royaumes unifiés étaient en grave danger et ne disposaient pas de préparation adéquate pour faire face à cette menace. Il en aurait le cœur net une fois que Zelphire se serait exprimé. Bien que ne la connaissant pas, il avait lu dans sa jeunesse de nombreuses histoires la concernant sur ces fameux temps anciens.

Elle finit par reprendre connaissance et se releva avec grâce. Il n’y avait aucun doute sur sa nature elfique et Silfor prit un air sombre. Il lui parla doucement pour l’amener à formuler la requête qui l’avait poussé jusqu’à la cité de Segorian. Elle prit donc la parole en regardant le roi droit dans les yeux. Son regard était franc et net. Elle parla de son père et de la promesse des ancêtres du roi. D’une foule de choses qui échappaient à Arion mais que Silfor semblait parfaitement appréhender. Il y a près de 10 000 ans les aïeux du roi avaient scellé un accord avec les elfes Cylliques. Avant leur extinction, ils leur confièrent les biens les plus précieux des elfes. Ils devenaient les dépositaires de toute leur science et de leur histoire. Il devenait les gardiens de leur mémoire. En échange, si un jour une personne de leur race refaisait surface, il leur devait aide et assistance.

Silfor n’avait pas oublié cette promesse et il était prêt aujourd’hui à remplir la part de son contrat. Il invita Zelphire à le suivre afin qu’il puisse lui remettre l’objet dont elle souhaitait reprendre possession. Il se dirigea d’un pas déterminé vers la fameuse salle du trésor ou tous les biens les plus précieux étaient entreposés. Il passa la salle des gardes et lança un regard de réprobation à leur leader. Celui-ci se figea, son entrée théâtrale de tout à l’heure ne lui avait pas rendu service. Accablé par la honte, il baissa les yeux regardant longuement ses bottes noir. Le roi ne s’attarda pas, il aurait bien le temps de s’occuper de ça plus tard.

Il arriva dans la pièce octogonale et sans hésiter poussa une des portes miroir pour déboucher dans une immense pièce plus proche de l’entrepôt vu le désordre qui y régnait. Il scruta du regard l’objet convoité et fut immédiatement frappé de stupeur lorsque son regard se porta sur le socle d’or au centre de la pièce. Il se retourna vers ses visiteurs l’air hébété. Il leur annonça aussitôt qu’ils avaient été devancés. L’amulette avait été volée !

Au même instant, le sicaire senti qu’une occasion unique s’offrait à lui. Son opportunisme allait peut être lui permettre de faire d’une pierre deux coups. Saisissant une sarbacane qui reposait avec ses dards dans le fatras, il se prépara pour exécuter son méfait. Il retira de sa besace une fiole de poison, qu’il transportait en permanence, pour enduire la fléchette meurtrière. Une fois prêt, il mis en joue sa cible et souffla avec force dans l’embout. Son expérience dans le maniement des armes était un atout et il ne rata pas sa cible.

Le roi hélait les gardes lorsqu’il fut atteint par la pointe aiguë. Le poison était puissant. Il fut immédiatement pris de convulsions. Ses yeux se révulsèrent, de la bave coula de la commissure de ses lèvres. Zelphire se précipita pour lui portait assistance mais il expira dans la seconde qui suivit. Il était trop tard. Arion pour sa part avait rapidement détecté l’origine de l’attaque sans pour autant pouvoir identifier leur agresseur. Il se précipita pour débusquer l’assassin.

Les gardes pénétrèrent dans la pièce et furent pris de stupeur en voyant Zelphire penchée sur le corps inerte de leur souverain. C’est alors que Garrel hurla que la magicienne avait tué le roi et qu’il fallait la mettre au arrêt ainsi que son protecteur. La situation était compliquée. Arion ne s’arrêta pas, déterminé il poursuivit sa progression et plongea sans hésitation son épée dans le cœur de Garrel. Bien que celui-ci ait tenté une esquive, la rapidité d’Arion le pris de cours. L’épée glissa sur une côte, provocant une large entaille mais la force d’Arion fit que la seconde se rompit dans un bruit sourd. La lame s’enfonça dans la chair accompagnée par un flot de sang noirâtre puis elle finit par atteindre le cœur qu’elle perfora. Garrel mourut en quelques secondes malgré ses tentatives désespérées pour respirer. Il tenta une riposte mais resta suspendu à la lame tel un pantin sans vie.

Dans la confusion générale, personne ne remarqua un petit chien qui partait avec un objet brillant. La tension était à son comble entre les gardes et Arion. Zelphire avait été maîtrisée. Elle n’avait pas résisté. De son coté, il était encerclé et il rechignait à engager le combat pour plusieurs raisons. D’abord, il ne voulait pas tuer d’innocent, il n’avait rien à se reprocher et il ne voulait pas risquer la vie de Zelphire. Malgré la rage qui l’habitait, il décida de rendre les armes et de se livrer à ses adversaires.